Dès 1983 Joël Robuchon, le chef le plus étoilé au monde, a utilisé la cuisson sous-vide. Bien d’autres ont suivi ses traces, mais peu osaient l’avouer car aux yeux des consommateurs, le sous-vide était associé à un moyen de conservation de produits transformés cuits issus de l’agro-alimentaire.
Mais tout ceci est de l’histoire ancienne, aujourd’hui la cuisson sous-vide est devenue l’une des plus innovantes. Un retour en grâce que l’on doit essentiellement au scientifique Bruno Goussault, qui vient d’ailleurs d’être nommé par la fondation Albert-Einstein, comme l’un “des 100 plus grands visionnaires de notre temps”. Mais pourquoi un tel enthousiasme pour un procédé de cuisson ? Des éléments de réponse.
Dans les faits en cuisine
Objectif premier d’un chef, de la restauration commerciale ou collective, que ses convives terminent leur assiette avec délectation. La cuisson sous-vide permet d’y répondre, car elle respecte le produit.
Le principe est simple, puisqu’il consiste à conditionner des denrées alimentaires dans une poche en plastique, dont l’air a été totalement retiré. Celles-ci sont ensuite cuites soit au four (mode vapeur) soit en immersion (marmite…), selon une configuration temps/température extrêmement précise, puis elles sont refroidies rapidement. Un professionnel souhaitant mettre en avant une D.L.C plus longue cuira les produits à une température élevée. S’il vise une haute qualité organoleptique, il optera pour une cuisson à basse température.
La mise en place d’un tel procédé, même s’il ne concerne évidemment pas la totalité de la production, modifie l’organisation du travail et les pratiques culinaires. Elle favorise tout d’abord une meilleure gestion du temps. L’organisation des repas est optimisé, car les plats sont déjà prêts et ne nécessitent plus qu’une remise en température. Autre atout, l’utilisation du conditionnement de cuisson en tant que conditionnement de stockage qui entraine un substantiel gain de place. Au menu également des économies d’énergie avec la cuisson basse température. Plus de perte de poids du produit due à l’évaporation, ce qui permet d’acheter à meilleur coût de plus grandes quantités.
Le respect du produit
Grâce à cette technique, les textures des aliments, notamment celles des plus fragiles, sont préservées. Les produits n’étant pas desséchés ils conservent leur fondant, même dans le cas de viandes fibreuses.
En restauration collective, la cuisson sous-vide est particulièrement intéressante en maisons de retraite, car nombreux sont les pensionnaires à souffrir de problèmes de mastication et de perte de goût. Une viande tendre, juteuse et pleine d’arômes qui sera également très appréciée des enfants. La coloration est améliorée par la basse température, rendant le produit plus appétissant. Et tous les chefs savent combien le visuel est important. Autre bonne nouvelle pour les légumes, ils conservent leurs sels minéraux et leurs vitamines. Car les légumes aussi sont concernés, mêmes les plus délicats comme les asperges et les champignons. Les purées se prêtent aussi au jeu avec talent. Même constat du côté des fruits. Les poissons qui sont bien connus pour ne pas apprécier les fortes températures de cuisson, donneront leur meilleur d’eux-mêmes. Et que dire du foie gras!
Outre les produits bruts, les recettes traditionnelles de nos terroirs offrent d’incomparables rendus. Une occasion donc de remettre au goût du jour par exemple un paleron de bœuf. Trouver des recettes sur Internet est facile, ce qui ne doit surtout pas empêcher les cuisiniers de faire fonctionner leur imagination et d’inventer ou de revisiter des recettes. De 7 à 77 ans, les convives aiment aussi être surpris.
Le rôle primordial du matériel
Au savoir-faire des cuisiniers, qui peut être optimisé par une formation sur cette thématique, doit être associé un matériel performant. Le choix d’un four à vapeur mixte paraît le plus judicieux. Les gammes permettent d’effectuer des cuissons sous-vide sont de plus en plus nombreuses et offrent toutes les garanties dont les chefs ont besoin. En plus d’être au top au niveau des rendus de cuisson, ces fours disposent de toute la technologie embarquée visant à récupérer les données HACCP (température de l’enceinte de cuisson et de la sonde de température, heure de début et de fin de cuisson, nom du programme de cuisson…) depuis l’interface où elles sont automatiquement sauvegardées. Des contrôles qui s’effectuent d’un simple clic via un ordinateur, une tablette ou un smartphone. Le process de chaque recette étant mémorisé, il est possible de les reproduire à l’infini.
Pour soulager encore plus le personnel et limiter les erreurs de cuisson, les fours et les cellules travaillent en duo. Quelques minutes avant la fin de la cuisson le four va prévenir la cellule de refroidissement pour quelle se mette en mode pré-refroidissement. Que d’améliorations pour les chefs comme les convives. La prochaine va porter sur le développement durable afin de répondre aux exigences de la loi Egalim qui porte notamment sur le remplacement de certains plastiques par des matériaux inertes et durables.